posté le 29-01-2014 à 21:08:29
Un jour (suite 3))
Elle
s’éloigne de la gare. Prend l’avenue qui est en face, repère au passage qu’il y
a deux ou trois hôtels. Elle passera une nuit ici. Il lui faut s’organiser.
Elle trouve non loin, à un grand carrefour, un Monoprix. Elle y achète quelques
vêtements de rechange (connaît par cœur sa taille, en général il n’y a pas de
surprise), des affaires de toilette. Aucun sac ne mérite le nom de voyage. Elle
pense qu’il faut qu’elle ait l’air crédible lorsqu’elle se présentera à la
réception de l’hôtel. Elle demande à la caissière où trouver une bagagerie. Ce n’est
pas loin. Des sacs à 10€ sont en devanture ; et en effet elle trouve un
sac en toile enduite bordeaux qui fera l’affaire. Elle n’a pas besoin de l’emballage.
posté le 26-01-2014 à 20:55:42
Un jour (suite 2))
Mais
elle réfléchit que s’il est retrouvé on va imaginer le pire, un vol, une
agression, on va alors la rechercher. Sur le quai, elle s’assied dans un
courant d’air. Elle évite de regarder autour d’elle. Et tandis que les annonces
se succèdent, les arrivées, les départs, les retards ou les changements de
voie, elle efface de la mémoire de son téléphone toutes les adresses du
répertoire, tous les messages reçus ou envoyés, l’historique : il est vide
et se retrouve au fond du sac, avec les clés de la maison et celles de son
bureau. Désormais elle est sûre de ne pas pouvoir s’en servir autrement que
pour appeler chez elle. Elle n’a jamais retenu un numéro depuis que l’appareil
le fait pour elle et ne prend un carnet d’adresses que lorsqu’elle est en voyage
et sacrifie à la tradition des cartes postales. Elle surveille du coin de l’œil
le panneau d’affichage : encore cinq minutes. Elle aperçoit sur le quai en
face une femme qu’elle croit connaître. Brune, les cheveux frisés, un grain de
beauté épais sur la lèvre supérieure. L’air sévère. Elle est sûre de l’avoir
croisée, d’avoir échangé. En même temps un certain malaise, un mauvais souvenir ?
Elle fait celle qui ne la voit pas, ne lui sourit pas, la rend transparente. Elle
se dit qu’elle n’a pas envie de la rencontrer, surtout pas ce jour-là.-Qui
cela peut-il bien être ?
posté le 22-01-2014 à 20:33:46
Un jour (suite 1)
Est-ce
ce que ce jour est venu ? Le bus n’est pas encore là, elle ralentit, elle
arrive à hauteur de l’arrêt où attendent déjà quelques passagers. Elle se
retourne, aperçoit le bus au loin, encore trop petit pour que l’on puisse lire
sur le bandeau noir le nom de sa destination. Elle voit les passagers
silencieux, jeunes garçons écouteurs vissés aux oreilles, femmes voilée,
vieilles femmes au dos voûté partant faire leur marché, tous ont un visage sans
expression. Elle ralentit puis accélère, passe à leur hauteur, fait un écart
sur la chaussée tandis qu’ils se regroupent car l’arrivée du bus est imminente.
Elle remonte sur le trottoir, avance, dépasse l’arrêt, continue sans se
retourner, entend le bus freiner et peu après il la double. Elle le voit
s’éloigner, passer au feu orange; elle poursuit son chemin à pied et maintenant
elle est déterminée. Elle marche rapidement jusqu’à la gare, regarde les
horaires sur le grand panneau d’affichage, choisit une destination au hasard,
enfin pas tout à fait, elle rêve de la mer. Il lui reste un peu moins d’une
heure. Elle se rend au distributeur, tire une grosse somme d’argent, ce qu’elle
peut, le maximum autorisé. Elle prend un billet pour le terminus au guichet,
paye en espèces : elle ne laisse pas de traces. Elle téléphone à son
travail. On lui avait conseillé de prendre ses récupérations, justement elle
doit partir, qu’on ne l’attende pas pendant quelques jours. Elle rappellera.
C’est la jeune stagiaire qui est au standard, une chance, elle n’a rien compris
mais n’a pas osé poser de questions. Elle lui laisse un message, à lui, elle
sait qu’il ne regardera sa messagerie que tard, en fin d’après-midi. Elle lui
dit de ne pas s’inquiéter, qu’elle a besoin de prendre du recul, qu’elle le
rappellera. Elle ne sait pas se montrer définitive. Elle veut jeter son
portable dans une poubelle, qu’on ne puisse pas la géo localiser, qu’elle ne
soit pas tentée de s’en servir non plus.
posté le 13-01-2014 à 20:57:53
Un jour
-
Je m’en vais ! crie-t-elle.-
D’accord. Ferme bien la porte.
posté le 04-01-2014 à 20:39:42
Horoscope
Il
s’agissait de prendre des décisions en cette fin d’année, comme chaque année
sans doute. Mais cette fois son horoscope le confirmait. Il était temps de
réaliser un désir d’enfance. Elle ne croyait pas en l’horoscope mais celui de
l’année précédente dans le même magazine lui ayant promis le pire, et ce pire
ayant ponctué son année, problèmes de santé, d’argent, ruptures, disparitions…
elle était prête à croire l’horoscope publié ce dimanche-làet qui promettait des jours meilleurs. Et
surtout des changements. Qui la connaissait à ce point ? Vous brûlez d’envie de tout
changer à la fois parce que vous vous sentez étouffer ? Au fond de
vous-même, vous savez pertinemment que le moment ne s’y prête pas… Sortez de
vos placards le rêve d’enfant que vous chérissez et efforcez-vous de le
réaliser…
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