- Je vais y mettre mes achats, dit-elle. C’est parfait
- Vous êtes prête à partir ! souligne le vendeur en souriant.
Il ne croit pas si bien dire…
Elle se rend ensuite à l’office du tourisme. Discute un moment avec l’employée. Cette dernière ne veut pas lui conseiller un hôtel :
- Nous avons une liste, répète-t-elle.
Mais peu à peu la confiance s’instaure. Elle prend l’adresse d’un petit hôtel pas trop cher, quelques chambres, décorées à la main par la propriétaire. Les horaires du bus le lendemain pour V. et même, par chance il n’y a pas d’autres clients, le nom d’une personne,
- - Mais c’est entre nous n’est-ce pas ?
qui loue des studios à la semaine à V.
- Vous comprenez, ce n’est pas déclaré…
Elle se rend à l’hôtel indiqué, quelques chambres, à la campagne on parlerait de chambres d’hôtes. La salle de bain est commune et surtout occupée par une baignoire monumentale. Une charmante frise de glycines en fleur parcourt les murs de la chambre. La rue est calme.
Elle sort, elle se sent fatiguée, elle s’arrête. Il est vrai qu’elle n’a rien mangé depuis le matin et qu’elle n’est pas du genre à prendre un petit-déjeuner ; un thé, un yaourt... De toute façon le petit creux arrive d’ordinaire systématiquement dans la matinée, quelle que soit la teneur du petit-déjeuner. Elle a tendance à oublier de manger. Elle s’arrête dans une librairie, achète un peu au hasard un roman danois épais. Dans une brasserie, malgré l’heure qui se prêterait plus au goûter, elle commande un croque-monsieur avec salade, sans regarder la carte. Une envie, comme ça. Assise près de l’entrée, profitant de la lumière du jour, elle respire enfin et s’attarde tandis que les clients se succèdent et s’interpellent, ou au contraire s’enfoncent dans un des recoins obscurs de l’établissement.