Je lui souris. Elle est très à l'aise. Pour sa génération, elle devait être plutôt grande. Elle assume son âge, les cheveux blanchis uniformément, le maquillage: il faut se donner bonne mine. Elle a un avis sur tout: l'itinéraire, par où il faut passer, même si elle ignore la destination, le temps de la visite, même si elle ne connaît pas les habitudes du groupe. Elle vient nous aider bénévolement. Il faut être sympa, accueillante, aimable.
Et moi, pauvre idiote, je m'excuse chaque fois que ma main heurte son genou lorsque je change de vitesse, tout cela parce qu'elle est assise de biais, pour écouter les papotages de deux copine sur le siège arrière. Moi pauvre idiote, transformée en chauffeur, et contente de l'être. Pourquoi n'ai-je pas dit:
- Peux-tu t'asseoir autrement?
Trop polie, trop serviable.. C'était dans mes références: employée serviable...
- Serviable, disait ma mère.
Je n'y ai pas échappé.
Et puis je déteste ces grandes femmes qui ont dû être blondes et sûres d'elles.