C'était volontaire et je le savais. Je le savais sans jamais me l'avouer. Sans jamais m'avouer non plus que je vivais avec des principes bien éloignés de réalité. sans jamais m'avouer non plus que Ludivine me faisait de l'ombre, que Lucienne ne me plaisait que parce que je me sentais au moins à égalité si ce n'est supérieure, que la dernière, Lucile, je ne la connaissais pas. Lorsque ma mère fut opérée, bien sûr on ne parlait ni des causes ni des effets, chez nous, mon père dit en souriant:
- Au moins comme ça, on n'aura plus de problème.
Quand je rapportai naïvement les propos à la clinique, j'eus droit à un silence réprobateur et même haineux quand j'y songe à présent .
Je n'ai aimé vraiment personne, serai-je tentée de dire, parce que j'ai tant recherché l'amour. J'aurais tant voulu être aimée pour moi-même.
Je passe une journée, des journées à ne rien faire tandis que l'on me suppose de multiples activités. Je bois, je joue au solitaire, je donne le change. Sauf à mon corps qui se révolte. Qui me bouffe. Est-ce que je vais mourir avant de me connaître?
Commentaires
Au "je" du récit j'ai envie de dire qu'on peut renaître à tout âge et se sentir plus jeune qu'on n'a jamais été. Et la grisaille se change un jour en arc-en-ciel...
J'attends la suite de ces carnets!